Pas étonnant de la part de ce gouvernement
Agir sur la résilience de l’individu plutôt que les problèmes sociaux
Voici la définition de la santé mentale par l’OMS : « état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté ».
Il suffit de le lire pour voir le côté validiste et saniste, cet objectif de faire de vous un membre utile de la société, adaptable et résistant quoi qu’il vous arrive… Tout ça plutôt qu’une société plus douce. Et c’est pas un dévoiement. Ca a toujours été là, l’individu adapté c’est l’angle de toute la vision psy.
S’auto-contrôler et contrôler les autres
Ce qui est bien pratique c’est que vous apprenez à vous auto-surveiller et contrôler. Et, vous contrôlez les autres : ça se fait de plus en plus de dire d’aller voir un psy, de tester telle forme de relaxation, de partager ses tips pour gérer le stress… Et oui faut bien survivre, il y a vraiment des choses à encaisser etc. mais c’est pas neutre politiquement derrière.
Et encore une fois c’est des conseils très individualisants pour gérer dans son coin. La plupart des gens parlent plus de gérer leur niveau de stress que des causes de ces problèmes et comment les renverser, comment s’entraider etc.
Dépolitisation, invisibilisation des causes
Il faut vraiment comprendre que la psy est un outil de pouvoir et contrôle
Pour ce côté pathologique, je présume qu’agiter le concept la maladie mentale et le traitement des « vrais malades » est bien pratique pour amener les gens à s’auto-contrôler… Beaucoup de gens ont peur de tomber du côté « fou/folle/fol » ou « malade mental », mais au lieu de vous distinguer vous voulez pas nous aider ? Le concept de folie est une construction psychiatrique aussi.
Angle mort d’une grande partie de la gauche sur la psychiatrie
Bref, à gauche, beaucoup ont demandé plus de moyens en santé mentale pour X ou Y groupe. Et vraiment, renseignez-vous sur le rôle de la psy avant et comment elle est un instrument contre les minorités. Renseignez-vous sur ce qu’on y vit. Et ayez une analyse politique.
Ce n’est pas que de l’histoire ancienne et ce qui a reculé peut très facilement revenir (relire plus haut sur l’outil qu’est la psychiatrie, sa non-scientificité).
Des exemples d’actualités qui me viennent :
Aux Etats-Unis, le développement de programmes systématisant l’enfermement et le traitement forcé des personnes à la rue, sous l’angle de la « maladie mentale ». Je pense à l’assisted outpatient treatment (AOT) de New York originellement mais qui se développe ailleurs, et les CARE courts de Californie. Les deux projets portés par des politiques vus comme progressistes. Donc on met de jolis mots comme « community-based », rendre l’accès au soin et au logement possible, sortir les gens de la rue etc. mais ce n’est rien d’autre qu’une psychiatrisation forcée (ils demandent ton consentement mais si tu dis non c’est mise sous tutelle et donc traitement quand même). Les familles, le combo police/pompiers/assistants sociaux/… et les pros de la psychiatrie ou psychologie signalent des gens. Si on veut un vernis plus progressiste, on dit « iels sont dangereuxSes pour elleux-même » (on voit aussi du « pour les autres »). Cette publication me fait penser que ça arrive peut-être déjà en France.
En France comme dans d’autres pays, on a les anti-trans qui attaquent les trans en disant que ce sont “juste des personnes qui ne vont pas bien, du coup iels sont perdus et veulent transitionner” qui inverse cause et conséquence et permet de délégitimer la parole des concernéEs.Et bien sûr qu’iels trouvent des psys pour aller dans leur sens.
On a aussi le “Les écologistes ont juste de l’éco-anxiété, iels catastrophisent alors qu’un peu d’adaptation et tout ira bien ! Soyez pas irrationnels“
« Aller plus loin »
Ce qu’est la psychiatrie a été très bien résumé (et développé sur le reste du site) dans cette introduction de Zinzin Zine . Je vais pas répéter en moins bien, allez la lire :p
Il faut comprendre qu’on fait pas juste la critique de problèmes de violence au sein d’une psychiatrie qui serait neutre par ailleurs mais en quoi la psychiatrie est un outil de contrôle de l’ordre social,
normalisant et on ne fera pas disparaître sa violence en la réformant. On diminuera au mieux quelques violences physiques (et très certainement que pour la partie la plus socialement acceptée des psychiatriséEs) jusqu’au prochain backlash sécuritaire