Je l’ai vu demander alors je voudrais clarifier que bien sûr vous pouvez continuer vouloir supprimer/réduire/contrôler des manifestations de folie.
C’est d’ailleurs ce qui se fait beaucoup dans les groupes d’entraide. Et encore une fois : les antipsy ne sont pas contre le fait d’utiliser des médicaments. Ce qu’on demande c’est d’avoir vraiment le choix, d’être bien informé, que les recherches sur ces médicaments soient faites correctement etc.
C’est totalement légitime de pas vouloir : voir des bouts de cadavre déchiquetés partout, avoir l’impression qu’on touche notre corps, entendre des gens hurler pendant des heures/jours dans notre tête, vivre des flashbacks d’agressions en boucle, croire que nos proches vont nous tuer, qu’il y a une caméra en permanence sur nous, qu’on est Le Sauveur la seule personne à avoir vraiment une conscience dans l’humanité… (liste non-exhaustive)
La lutte contre le sanisme c’est celle pour un autre (un vrai) soin, où la psychiatrie et le reste nous imposent pas leurs choix. Où on sort de la vision psychiatrique de la folie, où on comprend que la folie survient parce que la réalité est trop dure. Et que ça veut pas dire créer une autre norme ou croire que la folie est sans danger, la réponse parfaite à la réalité qui se brise.
Nous aussi on aide à gérer la folie pour éviter l’isolement subi, l’épuisement, de tout casser, d’être violentEs avec soi ou d’autres, pour apaiser son rapport à soi/aux autres… pour aider à survivre. Ca a toujours été central. Je remets des ressources ici : https://drive.proton.me/urls/MBAX73PX2G#HHzZnv5zeT31
Et on doit le faire dans un monde qui nous met des dizaines de bâtons dans les roues, on a des solutions qui sont toujours imparfaites aujourd’hui (parce qu’à court terme on va surtout pouvoir mettre en place des solutions individuelles ou en tout petit collectif). Dans un autre monde, elles seraient différentes et peut-être qu’on va totalement changer notre vision des manifestations, d’une manière que je peux pas imaginer aujourd’hui. Mais l’autonomie corporelle et l’autodétermination restent le cap.
Peut-être que cette idée fausse du « je dois accepter totalement ma folie et ne rien changer » vient du fait qu’on met en avant des discours sur les manifestations positives, celles qu’on ne veut pas voir disparaître. Parce qu’elles sont invisibilisées par la psychiatrie qui veut éliminer tout ce qui dépasse et parfois fait beaucoup de mal au passage (parce que vous vous vouliez garder ce fonctionnement ou même une part, qui avait un côté rassurant, mais on a tout éliminé). On en parle aussi parce qu’elles viennent expliquer pourquoi elles sont là, à quoi elles peuvent servir. Mais faut pas partir dans l’extrême inverse à croire que l’expérience de la folie est incroyable, parfaite, forcément positive (et j’avoue que moi aussi je vois parfois des discours qui flirtent avec ce discours).
Recommandation lecture pour continuer sur le sujet : Décrocher du réel, c’est grave ? de Dandelion